Je te reconnais Et ce sont mes mots Dans ton regard, nulle lie Même ainsi, sans parole
J'ai compris l'ombre et ta vie Maux de l'âme en dérive Si tu souhaites aimer encore Folle envie d'être là, tout près...
Dis, tu veux donc t'émerveiller un peu ? Rive de l'enchantement, ton sourire Fort des larmes de vaillance, je rêve C'est fou mais j'y crois très fort, vois-tu ?
Mieux t'aimer, te prendre dans mes bras Mire toi dans le fond de mes yeux, lumière Sève de mon affection, pure de ce que tu es Mûe par ton amour ! Te connaissais-tu bien ?
Bien à nous…
Christina Goh Ce poème est un poème à étages. Deux types de lectures sont donc possibles.
Ce fût en une fraction de seconde J'ai fermé les yeux, j'ai rêvé, j'ai vu Ce qu'on appelle à tort les mondes Il n'y en avait qu'un, l'amour lu Entre les lignes de nos horizons Imaginaires, il n'y avait que connexions Qui s'entremêlent, qui s'embrassent Démêlent les nœuds des émois rebelles Et en moi, ce qu'on appelle la masse Milliards de cellules, multiples parcelles Traces de tout qui s'aiment... Qui s'aiment... J'ai ouvert les yeux... Ce que nous étions... Depuis, je me construis, parce que nous sommes Parce que l'espérance se dessine, comme la douce attention Me donner un nom dont je pourrai être fier, celui d'Homme A tâtons, trouver la mesure, l'origine du fil...
Oui. Je t'aime. Je te le dirai encore, j'oserai Je ne m'en lasserai pas, jamais Je te le dirai encore et pour toujours Je t'aime. Je t'aime, je t'aime, je t'aime... Même mes échos en témoignent Ressens-tu ? Et chaque lettre de chacun de ces je t'aime Emerge de mon cœur rempli à ras bord De l'amour qui imbibe, imprègne tout ce que je suis De mon ardeur, de nos souffles, de près, de loin Entre ou hors les murs, des tréfonds, des sommets C'est de l'intérieur que je te connais. Je t'aime, je t'aime, je t'aime J'embrasse ton sourire. Respirer, c'est caresser le corps, plume de tendresse Voir, entendre, vivre c'est frôler le cœur, délicatesse Diffusée en lueurs, en espoirs infinis, pour nos humilités Comme l'océan se dévoile dans les traces du jour Sur les berges des misères de nos vies ou des chances Mais même de nos ombres, à l'encre des mondes invisibles Des nuits où s'exhalent nos soupirs, retentissent nos doux rires Mon tendre Amour, ainsi, tant, tel que tu es Oui. Je t'aime.
Je l’ai découvert au détour inattendu d’un risque Je le pensais pourtant enrayé ce vieux disque… Et oui, il semblerait qu’il marche encore Et retentit le chant du corps…
Confisque, ouïs-je, la désespérance du cœur, Bisque, nargue un peu ton refuge, la peur, Mors dans le fruit tendre de l’espoir, entends-je, Sors de l’antre du déni, du trou noir, de la fange !
Meurs souvenir, réponds-je, eh, laisse-moi respirer… Leurre et décadence, c’est hélas un disque rayé Mage du souvenir, hélas, ta musique est illusion Cage du chagrin, se replier n’est-il pas un don ?
Excédée, la mémoire rétorque, bouscule un peu l’âme Insensée, dit-elle, ton corps chante pourtant sans blâme Voyons ! Le stylet, ton amour, l’anime depuis toujours Illusion ? Quand tu es empreinte de chaque jour !
Chaque jour, tourne le monde !
Christina Goh Ce poème est un poème à étages. Deux types de lectures sont donc possibles.
Hommage au chien A l'amour dévoué, au lien Au regard fidèle et doux Pour l'Homme, sans courroux Qui ignore ce qu'a payé le canidé Pour, sans retour, pouvoir l'aimer.
"Chien !", mot insulte, Outil de l'harangue, des cultes, Mot galvaudé, criblé, méprisé Vendu aux rires gras, joué au dé "Chien pour la soumission A la gamelle, au foyer et au fion" !
Oh ! Laissez les chiens tranquilles L'affection pure, c'est marcher sur un fil Quelle serait la liberté qui condamne L'être fidèle, de l'aveugle, la canne ? Et depuis quand l'Humain voit-il loin ? Depuis quand prend-t-il de l'autre soin ?
Attaches, muselières et silencieuses lettres
Ouvertes de chiens tristes à leurs dit maîtres. Hommage à Rip*, Zanjeer*, Frida*, d'autres Tant, sauvèrent aussi des vies. Gloire aux fautres De nos horribles errances, de nos déviances. Hommage à la loyauté et à la veille du sens.
A s'en arracher les poumons Saignaient les oreilles tendres Disparaissaient les berceuses Se courbaient les dits braves Quand hurlait la horde Débâcle :
"Faites, faites maintenant place ! Que rien ne subsiste sur le chemin Hors de ses œuvres, seule vérité, Brandies, éclaboussantes, Et ce sang sur nos mains Disparaît déjà dans la gloire Des actes martyrs d'un présent Dénoncé, craché, vomi et vermeil Passe la royauté de l'AMER Faites, faites maintenant place !"
Et poussant ici, bousculant là, Implacabilité, Partialité Oisiveté, Rigidité, familles notoires De violences et officiers autoproclamés Malignité et Lascivité pour s'activer, Pour rajouter à l'orchestre du Chaos, La fanfare des Dénis des cavernes Du pays de Prétérition. Lugubre, Bruissante de couleurs sourdes Ah ! La masse nocive que voilà !
Petite Tendresse bleue a ses écouteurs roses Elle regarde une série de science fiction Sur le smartphone. Adaptée de son auteure Préférée, Inventivité. Avec Empathie, commente Pour Volubilité les écueils de Trauma et Peur Happés par le côté obscur d'une grande toile Elle n'a pas entendu, ni vu la horde Débâcle Et bousculée, a juste interpellé : "Eh !" Elle a pensé "Oh, une autre manifestation !" Avant de signer la pétition en ligne pour la terre.
Extinction de voix de la horde Débâcle, de s'être arraché les poumons. Protège oreille anti bruit
Pour les dits braves, eurêka ! Ainsi va, aussi, la technologie.
10 mai 2022 – France / Journée nationale des mémoires de l’esclavage, des traites et de leurs abolitions
La France a quatre dates mémorielles. La Journée nationale des mémoires de l’esclavage, des traites et de leurs abolitions qui a lieu sur tout le territoire national français le 10 mai 2022, fait partie de l’une d’entre elles. La cérémonie a eu lieu dans la ville de Tours à la stèle Senghor, au Jardin historique classé des Prébendes d’Oé en France en présence de la préfète d’Indre-et-Loire. (Voir le programme).
La France en effet, est le premier et seul État qui, à ce jour, ait déclaré la traite négrière et l’esclavage “crime contre l’humanité” et à avoir décrété une journée nationale de commémoration.
Christina Goh, interpréta à cette occasion un poème en français “Vulnérables”, ode à l’espérance mais aussi hommage de Goh aux victimes de l’esclavage des siècles passés et du siècle en cours, et au poète Sédar Senghor, ancien militaire et résistant de la deuxième guerre mondiale, connu pour la négritude, qui fût enseignant à Tours de 1935 à 1938. L’artiste interpréta un titre, exceptionnellement en anglais et a capella, “I wish I knew (how it would feel to be free)”, composé par Billy Taylor, connu pour avoir été hymne de la lutte pour les droits civiques avec Martin Luther King. Le Dr. King, qui en 1966, répondit à l’invitation d’associations françaises en France.
Intervention de Christina Goh à l’occasion de la Journée nationale des mémoires de l’esclavage, des traites et de leurs abolitions – 10 mai 2022
“Cette commémoration me ramène à certains de mes ancêtres maternels, qui étaient esclaves et désignés par des numéros sur certains papiers administratifs extraits des plantations des Antilles françaises. Au village de mon père, en Afrique de l’Ouest, qui était confronté à la traite. À la rencontre surprenante de mes parents à Paris. Et au-delà de mon histoire personnelle, je pense à cette planète que nous partageons, à nos destins croisés au cours du temps. Je suis honorée en ce lieu, à cet instant de vous partager ce poème qui suit.
VULNERABLES
Face à la vulnérabilité, Quel recours ? Quand l’humain est trahi Par lui-même, quel secours ? Pieds et poings liés Sans la force de rêver, juste la douleur Intolérable. Jusqu’à la perte indicible… Irrémédiable.
Mais… La vie n’a-t-elle pas été portée ? L’innocence n’est-elle pas née ? Précieux cadeau d’espoirs, yeux de l’infini, Mains tracées, empreintes uniques Irremplaçables en dépit des dires de l’empressement Dont le tourment laissa la tâche noire de De Nerval En Tout.
Ainsi toi, Sédar Senghor par le verbe, tu voulus comprendre Du Sérère, ta langue natale, au wolof, au français, jusqu’au latin Tu te vêtis de mots étrangers pour parler à l’autre L’autre, ce nouveau territoire d’une même poussière Tu préféras le pèlerinage à la conquête de la tigritude Succomber au poids de la perte et de la rage ? Et tu écrivis de ton cœur, dans un camp du nazisme : A mes frères aux mains blanches sans neige (1)
Humble transcendance quand tu témoignas sans honte : Nous sommes des petits d’oiseaux tombés du nid, des corps privés d’espoir et qui se fanent Des fauves aux griffes rognées, des soldats désarmés des hommes nus Et nous voilà tout gourds et gauches comme des aveugles sans mains. Les plus purs d’entre nous sont morts : ils n’ont pu avaler le pain de la honte. Et nous voilà pris dans les rets, livrés à la barbarie des civilisés Exterminés comme des facochères.(2)
Ô Léopold Sédar Senghor ! D’une fatale, obscène rumeur sur la ténèbre, tu répandis Avec l’Aimé, à coup de fraternité, la négritude, amour Pour chaque être originaire de la terre qui porta Joar Mais d’autres langages t’appellent encore Et résonne encore ta voix Ô Léopold Sédar Senghor !
Je veux dire le nom et l’honneur de tous ceux Qui sont tombés, torturés, humiliés, brûlés, Dans le silence, horreur d’une dignité bafouée Silence mortifère, horrible de la douceur Des camps de prisonniers, aux marchés d’esclaves, Des bordels de douleur, aux usines à bébés, Des chantiers de détresse aux mines de la honte Des rues sombres et des tapis rouges de l’addiction, et depuis les routes abruptes de guerre Se dévoilent dans l’essence de tes vers, les voix des compagnons des luttes de libertés, Nous vous entendons encore quand tu écris : Qui a dit qui a dit, en ce siècle de la haine et de l’atome Quand tout pouvoir est poussière toute force faiblesse, que les Sur-Grands Tremblent la nuit sur leurs silos profonds de bombes et de tombes, quand A l’horizon de la saison, je scrute dans la fièvre les tornades stériles Des violences intestines ? Mais dites qui a dit ?…
Et tu dis mon bonheur, lorsque je pleure Martin Luther King ! (3)
Tu nous connais !
Rêve, apprendre, espérance ! Que chacun puisse dire : Je ressuscite mes vertus terriennes ! (4) Que nous répondions présents à la renaissance du monde ! (5)"
Christina Goh
Sources citations Léopold Sédar Senghor (1) Neige sur Paris (Chants d’ombre) (2) Au Guélowar (Hosties noires) (3) Elégie pour Martin Luter King – Pour un orchestre de jazz (4) Le retour de l’enfant prodigue (Chants d’ombre) (5) Prière aux masques (Chants d’ombre)
Je souhaiterais rester près de toi juste encore un peu Dans le creux de tes bras. Blottie entre deux souffles Chaude, gracieuse caresse de ton regard, ton affection Juste toi et moi et l’idéal délicat, tendre, ton amour Rare. S’envolent les pétales de tes pudiques, si doux baisers Rencontrent mes rêves dans l’air de nos espoirs chantants Retombe l’euphorie gracile en ancre de mes nuits de soleil Ô tendre amour, seule face à la mer, je donnerai à mon tour !
- "Ton léger. Au mieux. Pare-feu. Sans peur. Sans vie. Sans les yeux. Rire éternel. Figé. L’esprit ailleurs. Muté. En survie. Le besoin, le repère. A l’abri. A tout prix, sans misère. Manger, boire, trop peu. Caches, plaisirs. « Oui », parfois, en attendant. Efforts, peine. Jusqu’à la mort. De l’autre. Ainsi va la haine."
Le coq est romantique Comprenez le chant emphatique Qui, dans les ténèbres, retentit au loin Annonçant l'or sur une botte de foin
Un idéal quand le servage fit tellement mal Drame de l'espoir depuis de tristes cales Tour de fer et d'amour pour entendre Le voisin vigilant, messie ou Cassandre Des passions germaniques d'un Charlemagne Des barreaux verts, des houles d'une Bretagne
Le coq est aussi gaudriole Comprenez le chant qui s'envole Nul besoin d'ailes pour implorer belle-dame A la secrète étoile, qui brille sans flamme
Le roman de vies en face Un latin accessible aux masses Faits de chevalerie, côté pile Un Martin, comme chef de file Officier démissionnaire, serviteur De paysans, d'opiniâtres pêcheurs Des impôts pour soigner les maux Et l'allergie de ce qui sonne faux
Et quand perce, puis règne le jour, Le blues du coq, lui, chante toujours.
A tout ce qui m'échappe, Que je ne comprends pas A tout ce que j'ignore encore Je m'incline devant ce qui me dépasse A ceux que je n'ai pas rencontrés Puis-je écouter les cœurs des Hommes Et celui des bêtes, l'opéra des insectes De ce qui semble dissonances, voir l'étrange Des vents et saisir les frémissements des sables Les grondements de l'ombre et les traces des lumières ? L'inconnu, les couleurs et les silences qui n'en sont pas...
Oui, hommage ! Hommage à tout ce qui me rappelle A quel point il est utile d'apprendre...
Christina Goh Extrait "JASMIN (Simple) Confidences et mode d'emploi - Livret"
J'avais besoin de t'entendre Pour remettre les choses en place C'est ton murmure, dense petit ruisseau Pour rafraîchir jusqu'au plus profond de l'être
Fendre le vent jusqu'à toi fût un périple Face aux dunes, j'ai courbé sans honte la tête Dos à dos, vautours et scorpions scrutaient Maîtres et troubles sources de l'épreuve
Disciple de l'ardeur, il s'agissait d'avancer Miettes et promesses, bosses de chameaux C'est la cadence qui m'a fait mal, pourtant Sage, j'attendais nos nuits pour respirer
Laisser le chagrin disparaître doucement Eau limpide et tendre, coule entre mes doigts Sans éclats, ni échos, j'entends ta voix, ruisseau Aimer, me dis-tu en chantant, c'est cela l'éternité
Eternité chantante !
Christina Goh Ce poème est à forme fixe (poème à étages). Deux lectures sont donc possibles.
- Un point de repère ? Un rendez-vous quel que soit le temps. Sérénité du savoir, même un instant... - Ah ! Non ! Renonces-tu au laisser faire ? Point de repères ! Brouillées, les cartes du plaisir ; Joue les tiennes, jusqu'à mourir ! - Heu... Je voudrais juste l'amour d'une mère. - Qu'est-ce donc ? Tu recules ? La peur ? - Non. Juste le remède à la douleur.