jeudi 19 novembre 2020

A toi, ce 19 novembre 2020


Je viens de lire sur l’Internet l’article qui relatait ta vie et ta mort.
En quelques lignes, ce que tu étais, ce que tu es. Une partie de moi.

« Sentimental », « il a tout abandonné pour suivre son amour dans la rue »… Ce sont les expressions utilisées par le journaliste pour te qualifier. Autrement dit : rempli d’espoir, conscient de l’importance d’un « nous », tu savais aimer et croire en l’autre…
Ton départ me fait mal.
L’espace d’un instant, j’aurai tellement aimé croiser ton regard, juste qu’on se sourie. Cela nous aurait fortifié tous les deux. J’ai moi aussi aimé à m’oublier, presqu’à me perdre, j’ai cru encore et encore et j’ai essayé, j’essaie encore, de toutes mes forces. Cœur de chair… Fragile. Bien souvent, un sourire, une chanson, un message m’ont rattrapée juste avant que le gouffre ne m’emporte.

Cher, tendre, ami, ta trace subsiste encore.

Comment pleurer quand cet écho résonne si fort en moi. Ce NON.
Non. 
Refaire le monde en reniant les efforts d’abnégation de ceux qui nous ont précédés et qui te ressemblent tant ? 

J’ai appris ton départ par l’Internet. Mais cela impliquait qu’il ait été inventé, que je puisse bénéficier de l’électricité, d’un toit. Cela impliquait un endroit où règne une relative paix, où les gens s’accordent et suivent des lois pour que je puisse passer ce moment sans me cacher, assaillie par une milice. Cela impliquait que ma mère m'accouche et soit suivie dans des conditions d’hygiène qui assurent notre survie dans un ensemble organisé fût-il à parfaire.
Combien sont-ils ces innovateurs dont je ne connais même pas le nom, qui se sont surpassés pour que je puisse me connecter sur un mobile et lire un article sur ta mort ? Toi qui avais choisi de vivre loin de tout système, loin d’un logis, loin de toute modernité ?

J’ai mal.

J’ai appris ton horrible départ, relaté par un autre, par l'internet parce que je me suis connectée. De ton vivant, il n’était plus possible de te joindre. Tu vivais « déconnecté ». Nous ne sommes pas de la même ville, tu refusais une adresse fixe. Comment aurai-je pu venir à toi mon ami ? Parfois venir à l’autre sans avoir été invité ou juste avec un emoji rempli de sentiments est comme une humble fête qui termine les pleurs…

Aujourd’hui, ton départ m’apprend la vie.

Ils sont partis, comme toi, dans des conditions horribles :
Hypatie, Ignace-Philippe Semmelweis, Aaron Swartz, passionnés, comme toi, ils ont changé nos vies, espérant nos existences en mieux. Et oui, comme toi, ils parlent encore...
Nous pouvons innover avec la technologie et le discernement. C’est possible. J’essaie encore de comprendre, de construire et d’avancer, souvent à tâtons. Encore et encore. Leurs traces nous aident.

Au nom de tous les rêveurs et chevaliers de la science, qui ont cru et croient encore à un futur meilleur. A toutes leurs découvertes qui respectent notre nature au point d’avoir accepté d’apprendre d’elle, à leurs erreurs qui nous ont appris l'humilité et la prudence, aux hasards de leurs trouvailles qui ont sauvé nos vies... Cette terre nous apprend l’abondance, pourquoi ne nous apprendrait-elle pas respect et vie ?

Pythagore ! Einstein ! Durkheim ! Les morts ne sont pas morts, ainsi poétise Birago Diop.

Mon doux et rigoureux ami...
Preux rêveur, où que porte mon regard ce jour, je te vois.


Christina 

mercredi 4 novembre 2020

Né(e) après 2000



Dédicace spéciale à tous ceux nés après 2000 en ces temps particuliers, également à tous ces élèves croisés au cours de mes ateliers. Une pensée toute particulière aux enfants et adolescents où qu'ils soient.



Né(e) après 2000


Ton regard, il brille...
La flamme ou la larme
Gestion de crise, passions
Le pleur puis le sourire
Magnifique, sur le selfie
En toi, snap et tik, tok !
Tu trouves l'humour
Et la force.

Mario est ta famille...
Le politique que tu connais
Certainement est Tom Nook
Du village imaginaire, et ta loi
Comme dans Minecraft, Sims... Chut !
Chantent les poneys arc en ciel...
Ton rêve de super héros
A l'intérieur, en écouteurs,
Se reflète sur ton écran
Le terrain vert ou en vlog
Ils ne savent pas ?
A l'extérieur, le masque
Est depuis longtemps
Ta mode : Asian way of life
BTS ou mangas !

Ton regard, il brille...
Né après 2000, si fier !
A raison. C'est ton regard
Sur un monde devenu maison
Tu es précieux...Tiens bon.
Avec ou sans leurs drames
Ceux qui prétendent savoir...
Toi, tu es pépite. Déjà.


Christina Goh