vendredi 18 octobre 2024

J'ai mis du temps à comprendre

 

J'ai mis du temps à comprendre
Oui, je t'aime depuis toujours
Et pour moi, rien n'est plus beau
Plus chaud, plus doux même à cran
Voilà pourquoi je suis partie, loin
Je pensais ton cœur heureux sans
Moi, te croyais libre, j'ai survécu
Sans ton âme, sentie dans l'air
Au-delà des mers, je t'ai croisé
Souffle au ralenti, en équilibre
Pourquoi revenir vers les bras
Scellés ? J'ai volé tes nouvelles
Dans les regards qui t'avaient vu
Suivi les traces des mémoires
Qui t'ont connu, humé ton odeur
En pensée, je me suis résignée.

J'ai appris l'amour sans retour
A pertes. Je sais soigner mon cœur
Ignoré d'une rive ivoire, aimer encore
L'écume insaisissable omniprésente
Sans jamais la toucher, comblée
Voilà comment je te portais

Et puis j'ai lu ta lettre...
Renaître à ta voix, pourrai-je ?
Je ne sais plus que te rêver
Glisser entre les doigts d'un destin
Avec lequel j'ai appris à danser
Il m'a rattrapé quand je tombais
Il me jette dans tes vagues, houle
L'onde m'embrasse, me trouble
Du flux de ma conscience
S'était éveillé l'être endolori
Mais je suis entre deux mondes
Tu m'as tuée, te souviens-tu ?
J'avais ressuscité sans toi
Etudiante de vie habitée
Je t'écoute... Même séparés
On a grandi ensemble

Tant de temps pour comprendre 


Christina Goh

mardi 17 septembre 2024

De gratitude douce, mes larmes s'écoulent

 
Les quilles tombent les unes après les autres
La boule revient inlassable, encore et encore
Lancent avec précision Légitime et Obscur
Vrillent les acclamations, à petit feu la mort
Quand se lézardent le portail et ses murs

Il n'y aura bientôt plus rien devant le canon
Crient Détresse et Apreté pour la vengeance
Le portail ne tiendra peut-être pas longtemps
S'il s'écroule, y aura-t-il donc plus de sens ?
Pour quelle intention ? Juste le quand ?

Je lève les yeux et voient les azurs
Le coton du ciel scintille, une goutte effleure
Il pleuvra bientôt et se comblera la soif
De tout ce qui vibre ici-bas, aussi les fleurs
Je ris, par espoir, ôte vivement ma coiffe

Résistent les murs quand tombe drue, la pluie
Se remplit la douve, Surprise, en un courant
Coule la boule, tousse Rage, se disperse la foule
Coule l'eau sur mes joues, et, ricochant
De gratitude douce, mes larmes s'écoulent.


Christina Goh

jeudi 5 septembre 2024

Cheminant


Trouve dans ma guise la force

N'oublie jamais mon enthousiasme
Mon amour

J'ai tant attendu pour ton essence
Loin du doute, j'ai saisi le sens

Trouve dans mon silence la force
N'oublie jamais mon enthousiasme
Mon amour

Qui prétend m'avoir veillée au soir ?
Qui a tracé les sillons de ma mémoire ?

Trouve dans ma confiance la force
N'oublie jamais mon enthousiasme
Mon amour

Pourquoi la fatigue devant la parole double ?
La sagesse marque l'autre face du trouble

Trouve dans ma franchise la force
N'oublie jamais mon enthousiasme
Mon amour

Tu m'aimes ! Ô joie, ô merveille !
On sème.


Christina Goh

samedi 27 juillet 2024

Acrostiches


La délicatesse tousse et retient ses larmes
A peine coulent-elles, douces, quand s’arment
Roulis de nuages, détrempant maints atours
Meurent à petit feu les subtiles nuances
Et dans les cœurs troublés, erre le sens
Se ferme ainsi l’esprit devenu trop lourd

Eh ! Pourquoi ? Danse !
Ho ! Je ne peux. Mais ris, on panse.


Christina Goh

lundi 10 juin 2024

« Regarde l’eau qui court »


J'ai cheminé auprès de l'ancien
Il m’a dit : « regarde l’eau qui court »
J’ai vu la rivière couler et j’ai compris
Hier n’est pas aujourd’hui ni demain
L’ancien a souri, a désigné un barrage
Le bois, la pierre n’étaient plus les mêmes
Vent et onde menaient la valse changeante
Souffle invisible à nos yeux et seul maître
J’ai senti mon cœur battre plus fort :
Quand l’air expiré vient grossir la brise
Qui caresse, frotte, maints éléments
Comment savoir ce que j’inspire ?
Frémissements, multiples flux
Dans le corps, rempart mouvant
Ma respiration chapitre la danse
C'est moi l'imprévisible eau
Qui donne la vie ou la ravage...
« Regarde l’eau qui court ».


Christina Goh

jeudi 25 avril 2024

Qu'importe (et triomphe)


Servir autrui n'est pas au programme
Cela ne l'a jamais vraiment été
Qu'importe l'âge, hommes ou femmes
Sinueux chemins de l'opportunisme, et

Ne les regardez pas frémir à la lumière
L'air de rien, le fugace sourire en coin
Oui, là ! Non déjà évanouie, lueur de l'enfer
Sur terre, qui s'en soucie ? Ils sont déjà loin

J'ai trouvé un jour une âme qui ingénument servait
Juste une fois ou deux, je peux les compter
Depuis, j'espère, malgré les terribles souhaits
Drapés des bonnes volontés de vanités convoitées

Servir autrui n'est pas au programme
Cela ne l'a jamais vraiment été
Qu'importe, nenni, nul blâme,
Car l'humble office travaille, entêté

Et, dans l'ombre, le service triomphe.


Christina Goh

mardi 2 avril 2024

Intimité


C'est l'intimité d'une âme seule
Que personne ne veut posséder
Et quand les ombres s'agitent, brutales
Qu'elles vont et viennent, se congratulent
Chantent et crient, maudissent aussi
Contemplant malheureuses tâches rouges
Sur les nappes et les draps des familles
Alors l'âme seule pleure et encore murmure
A laissé tomber son voile de décence
Depuis si longtemps, et pour chaque fil tombé
A genoux, elle implore qui ? Elle ne sait
Se traine dans la poussière, méprisable, triste
Pardon, pardon, pardon, pardon, pardon
Pour l'oubli impossible, pour l'horrible douleur
De sillages brûlants, de pertes innommables
Je vous ai donné ma parure et son temps
Et au nom de ce don qui transcende
Puisse cette Terre vivre sans les aiguilles
Qui ne cousent pas, celles qui torturent à tuer

Nul ne la voit, nul ne connaît la scène terrible
Mais l'oiseau saisit la fine baguette encore et encore
Avec le comparse, ils construisent les nids, solides
Qui ne tomberont pas, même en temps de vent
Qui abriteront les familles fragiles, à couvert.
Pour l'âme seule, qui essuie ses larmes, comme la pie,
Rassemblant les brindilles, toutes ficelles
C'est l'abri mystérieux paré de l'amour invisible
Ressource de l'être blessé, fatigué, qui aime encore
Intimité d'une âme seule, qui grandit
Que personne ne peut posséder.


Christina Goh